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Résistants de Bourbon - Lancy
Résistants de Bourbon - Lancy
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Résistants de Bourbon - Lancy
L'auteur
http://www.alainboussuge.com/
Investigateur du parcours militaire des hommes durant les conflits : 1870-1871, 14-18, 39-45.

Historien par passion.
Les hommes de ma famille ont été mobilisés en 1870, 1914, 1939.
Où ont-ils combattu ? Qu’on-t-il enduré ? Ils sont revenus vivants, mais pas toujours indemnes.
Ce site est consacré à mon père
Un oncle, FFL, 2°DB, epagliffl.canalblog.com
Les victimes de guerre sont anonymes sur les monuments aux morts, elles revivent, pour peu que l’on s’intéresse à elles.
A Bourbon-Lancy, en Saône et Loire, 2 monuments aux morts, 3 sites d’identification des morts
morts3945bl.canalblog.com – resistantsbl.canalblog.com 1870mortsdebourbonlancy.canalblog.com
Un livre, Le canton de Bourbon-Lancy dans la guerre de 1870-1871
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20 novembre 2017

RICHARD Louis Joseph Jacques

=====      =====
Mort pour la France
Mort en Déportation

Services accomplis comme agent P2 en qualité de chargé de mission de 1ère classe
grade homologué de capitaine

Né le 4 mai 1901 à Bourbon – Lancy – mort le 18 mai 1945 à Freising, Bavière, Allemagne

Médaille de la Résistance (J.O. du 31 mars 1947)
Attestation d’appartenance au réseau « Ceux de la Libération », rattaché à la France Combattante, du 25 mars 1946
Attestation d’appartenance aux Forces Françaises Combattantes du 9 juillet 1949
Titre de Déporté résistant du 6 décembre 1950

Fils de Léon Joseph Richard, horloger et Marie – Louise Maréchal
époux de Félicienne Joséphine Marie Léonie Caron, née le 4 octobre 1899 à Versailles
une fille, Jacqueline, épouse Liagre, née en 1926

LJJ Richard 2

Inspecteur au service de la traction de la SNCF, région Sud – Est,
affecté au poste de commandement de la gare de Lyon, à Paris

Arrêté le 8 avril 1943 par la Gestapo à son domicile 24bis rue de Picpus, Paris 12ème, après perquisition

Incarcéré à la prison de Fresnes du 8 avril 1943 au 17 janvier 1944,
tenu au secret sans contact avec sa famille jusqu’en octobre 1943

Le 17 décembre 1943, le Secrétaire général de la Fédération nationale des travailleurs des chemins de fer écrit à M Fournier de la Délégation générale du gouvernement français dans les territoires occupés pour demander son élargissement, en vain

Extrait de la lettre :
« Richard … n’a aucun passé syndical ni politique. En outre il n’a a jamais fait acte de candidature et les renseignements recueillis sur lui sont élogieux. Sa conduite et sa moralité sont excellentes, et rien n’explique la mesure prise à son égard depuis le 8 avril, sans qu’il soit passé en jugement. »

Détenu au camp de Compiègne du 17 janvier 1944 au 21 janvier 1944
Déporté au camp de Büchenwald du 24 janvier 1944 au 8 avril 1945
Matricule 42.731

A l'approche de la III° armée américaine, les autorités SS du camp organisent l'évacuation des déportés à partir du 6 avril. Jacques Richard quitte le camp le 8 avril. Les convois ferroviaires sont à destination des camps de concentration de Flossenbürg, au nord-est de Nuremberg près de la Bohême, et de Dachau, près de Munich. Le train dans lequel il se trouve, roule vers l'est : Iéna (bombardement), Zeitz, Altenbourg, Gössnitz, Glauchau, Chemnitz. Il se dirige ensuite au sud par Pockau et Reitzenhain pour pénétrer en Bohême. Il traverse la partie occidentale de la Bohême du nord au sud pour relier la Bavière. Chomutov (Komotau), Karlovy Vary (Carlsbad), Egra (Eger), Marianske-Lazne (Marienbad), Tachov (Tachau), au plus près de Flossenbürg, Klenci pod Cerchovem ( Klentsch) (mitraillages), Janovi nad Uhlavou (Janovice). Il arrive en Bavière par Zwiesel (mitraillages) puis continue par Gotteszell, Deggendorf (bombardement), Landau an der Isar, Landshut, Freising, au plus près pour prendre la direction de Dachau, Erding, Anzing. 
S'étant évadé de cette colonne avec d'autres déportés (lieu pas précisé), il finit à pied et trouve refuge chez Klara Meller, dans une ferme, à Markt Schwaben, à l'est de Munich.
Jacques Richard meurt du typhus le 18 mai 1945 à l'hôpital de Freising

Activités dans la Résistance

Service de Renseignement de Ceux de la Libération du 1er octobre 1942 au 18 mai 1945
Musée de la Résistance en ligne

« Fin 1942, lors de la venue du général Delestraint ("Vidal") à Paris, la logistique du déplacement est assurée par CDLL. Pierre Beuchon, qui connaît "Vidal", contacte en effet une de ses connaissances, Jacques Richard, un cheminot qui travaille au service Traction, à la gare de Lyon. Beuchon lui signale la nécessité d'aider Delestraint dans ses nombreux déplacements entre Paris et Lyon qui ont pour finalité la mise sur pied de l'Armée secrète. Plutôt que de courir l'aventure pour l'obtention de "fiches d'admission", il fut convenu que Delestraint devait se rendre au dépôt, rue du Charolais, à Paris, dont le chef était membre de CDLL. Delestraint se voyait alors remettre un permis de circulation sur les chemins de fer puis était accompagné jusqu'à son train, au départ de Paris, où une place lui était réservée par la SNCF. Tout contrôle était ainsi évité. »

« Ceux de la Libération – Souvenirs de Guerre de Pierre Beuchon – D’août 1940 à fin juillet 1943 »
Fonds prive, 1 KT 253, Service historique de la Défense, Vincennes

Mon ami Jacques Richard a été une des très belles figures de notre réseau et on comprend que de son côté Résistance – Fer ait tenu à honorer sa mémoire.

Je tiens à raconter ce qu’il a fait pour notre réseau, son dévouement et son abnégation, un grand patriote aussi modeste qu’efficace, et que j’ai recruté début novembre 1942.

 A titre de préambule je signale que nous sommes contemporains, nos relations ayant commencé sur les locomotives au dépôt de Perrigny, comme attachés de traction ; il est resté cheminot. 

Né en 1901, son père bijoutier à Bourbon – Lancy, il fait de brillantes études d’abord au Petit Séminaire d’Autun, où il aura le prix d’honneur ; reçu à l’Ecole centrale lyonnaise où il passe deux ans, puis fait son service militaire dans l’aviation et termine comme sous -lieutenant à Longvic près Dijon ; se marie ; il hésite à rester dans l’armée, puis entre au réseau P.L.M., y gravit les échelons et à la guerre se trouve au P.C. traction de Paris, gare de Lyon. Nos voies sont différentes mais restons en relation ; de son côté Richard milite en individuel en utilisant les moyens de sa fonction, pour les évasions de prisonniers les relations avec la zone interdite, les passages en zone libre, l’aide aux Israélites etc. Mais il recherchera à collaborer à un échelon supérieur disposant de sources de renseignements utiles aux Alliés, ce qu’il me fera comprendre début novembre 42 ; questionné sur les possibilités de communications avec l’Algérie, j’apprends ainsi son souhait de « servir » avec le plus d’efficacité possible ; il adhérera spontanément à notre réseau service des renseignements, bien placé pour suivre le trafic allemand et surtout les prévisions de celui – ci.

Pour des raisons de sécurité nous avions réduit nos relations tout en gardant un contact discret.

Je dois signaler en particulier les services rendus au réseau et en particulier au Général Delestraint, qui avait pris fin 42 le commandement de l’Armée Secrète et à ce titre était constamment en route de son domicile à Bourg, pour Paris. Notre réseau l’avait « pris en pension » lors de ses séjours à Paris, ce que nous relatons par ailleurs. Je connaissais particulièrement le Général, qui gardait à Lyon des contacts suivis avec ses camarades des chars.

Me signalant les difficultés pour avoir une fiche d’admission à la gare de Lyon, avec de longues attentes, j’ai signalé le cas à Richard, qui astucieusement a trouvé une solution. Le général devait passer au dépôt du Charolais où il était pris en charge par le chef de dépôt Ménès (qui sera plus tard déporté et qui ne reviendra pas) qui lui remettait un permis, et l’accompagnait jusqu’au train et à une place réservée aux agents SNCF ; je crois qu’il a utilisé plusieurs fois ce moyen lui évitant tout contrôle.

Mais Richard donnera toute la mesure de sa valeur morale ce sera à l’occasion de son arrestation.

Ayant été malade et pour cette raison, absent de chez lui, il apprendra qu’il est recherché par la Gestapo ; de mon côté mis au courant je lui conseille de disparaître ; il reste à son poste dans le but de « couvrir » ses camarades de combat, ultime dévouement qui montre son sens de l’honneur.

Il sera arrêté le 8 avril 43 et on ne trouvera rien chez lui ; il fera l’objet d’interrogatoires particulièrement brutaux, et restera à Fresnes d’abord isolé puis avec trois autres détenus.

Il sera alors transféré à Buchenwald le 21 janvier 44 où il restera jusqu’au 8 avril 45 ; il y fera l’admiration de ses camarades et David Rousset en témoigne dans son livre de souvenirs
« Les jours de notre mort » ; également ce que me rapportera notre camarade Pierre Maire déporté comme Richard.

Puis ce sera ensuite le mois terrible de l’évacuation ; il aura toutefois la joie et le réconfort d’apprendre la victoire, à laquelle il a contribué, il pourra s’échapper de la colonne et sera recueilli par des prisonniers de guerre qui l’emmèneront à la ferme Mark Schwaben.

Atteint du typhus il meurt au cours de son transfert à l’hôpital de Freising ; il sera inhumé par l’abbé Chapus prisonnier de guerre resté pour assister ses camarades.

Sa dépouille sera rapatriée en 1952 et il sera inhumé à Bourbon – Lancy.

Notre réseau sera représenté par mon camarade Fages et moi – même, 
également Résistance – Fer.

Ainsi notre camarade recevra les adieux de ses camarades de combat.

Sa mémoire sera honorée :
par une plaque commémorative au Petit Séminaire d’Autun
également à l’Ecole Centrale Lyonnaise
un cadre avec son portait et sa citation au P.C. Traction à la gare de Lyon.

Au titre de notre réseau et de Résistance – Fer :

la Légion d’honneur à titre posthume
la Croix de guerre
la médaille de la Résistance

Témoignages

Nous donnons ci-après des témoignages sur ce véritable Apôtre et son dévouement à ses compagnons de Buchenwald.

1°, David Rousset dans son livre « Les jours de notre mort » mentionne à la page 633 :

« L’homme n’échappe pas à son destin, notre vie est nécessairement faite de compromis sur tous les plans. Cependant je préfère quelqu’un comme Richard. Au bombardement il a eu la fesse ouverte. Je lui porte à manger, et je veux le soigner, il refuse, il m’envoie vers les autres, il insiste, je dois lui imposer de force mes soins.

Chaque fois qu’il reçoit un colis, il le distribue aux Français de son bloc ; un soir, je suis arrivé pendant le partage, et il a voulu à tout prix que je prenne au moins du chocolat. Il sait pourtant qu’au Revier je mange mieux que lui. Il veut être pour les autres un rappel constant de ce qu’il nomme « le Combattant de l’Idéal ».

2°, Il est joint un extrait d’un opuscule : « Un protégé de la Vierge, Jacques Richard », édité par son camarade de misère Norbert Fillerin en 1951 (aux éditions Claire 45, allée Nicolas Carnot, Le Raincy)

3°, Notre camarade Pierre Maire, récemment décédé, qui a bien connu Jacques Richard, m’a confirmé ce qu’il savait sur son admirable conduite.

4°, Madame Jacques Richard communique ce qui suit :

Au bombardement du camp en août 44, Jacques est blessé et soigné au camp des Norvégiens, où il connait et sympathise avec un fils de pasteur ; celui – ci restant en relations avec elle lui confirme la conduite de son mari.

Egalement Messieurs Paul Simon et Robbe, maire de Saint – Germain en Laye, tous deux déportés, et aujourd’hui décédés, partagent les mêmes sentiments.

Extrait de « Un protégé de la Vierge, Jacques Richard », édité par son camarade de misère Norbert Fillerin en 1951 (aux éditions Claire 45, allée Nicolas Carnot, Le Raincy)

« Nous ne pourrons jamais connaître la charité et le sacrifice qui l’environnaient. Nous pouvons continuer de faire appel à sa bonté et de prier pour nous, car nos souvenirs le font revivre en toutes les épreuves que nous vivions et qui nous assaillaient : vexations, tortures, la faim, les désespoirs, les angoisses et aussi nos propres tares qui ajoutaient le pénible au pénible. Lui, souriait toujours ; il était toujours lucide et agissait toujours au maximum des possibilités pour faire régner l’espoir. Je l’ai vu même consoler le bourreau allemand, le vieux Schwartz, et cet autre Allemand aussi, le jour surtout où celui – ci apprit par manque de nouvelles que son fils pouvait bien être tué.

Sa bonté se manifestait partout, à Compiègne, dans le fameux convoi vers Buchenwald et dans le sinistre camp. Cette bonté fut inlassable et vigilante. Avez – vous connu ses soins auprès du jeune Hollandais du bloc des isolés ? Si le Hollandais n’est pas mort là, c’est parce que Jacques le soignait sans le quitter, et quand le malade n’était pas trop fiévreux, il allait pendant quelques minutes, quelques secondes consoler d’autres désespérés. Jacques est mort de justesse, il est donc mort de ses sacrifices. Vous ne connaîtrez jamais Jacques comme je l’ai connu, revenant le soir au camp pour quelques heures de dévouement, non de repos, sous une capote française, prêtée aux corvéables, trempé de neige, les mains et la face tannées, tannées à la façon des vieux paysans en dur parchemin sur des os saillants avec une barbe drue et blanche comme celle des rouleurs de route, et le regard très clair, mais absent, et perdu dans un monde autre que celui où nous étions et c’était crève -cœur que de l’appeler « Richard ! ». C’était comme le réveiller d’un songe heureux … alors il souriait et toutes les paroles, les traces des avanies et de la faim disparaissaient. »

Extrait de « L’âme résiste » de Jacques Onfray

« A quoi bon multiplier les citations ! Tel fut au camp de Buchenwald, côtoyant la mort et l’infinie misère humaine, JACQUES RICHARD avec « sa barbe hirsute et ces deux grands yeux clairs où se voyait tant de tranquille résolution, un regard qui nous a si souvent redonné confiance. »

 

 

 

 

 

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